Par Edouard Varlet
En 1988, Edouard Varlet, maire de La Fosse Corduan (Aube), fit auprès de ses administrés un exposé sur l'historique de la commune. Il leur laissa un document photocopié de 16 pages qui est ici intégralement repris.
Mademoiselle BIBOLET, ancienne directrice de la bibliothèque municipale, petite fille de Monsieur LACOSTE instituteur à La Fosse à la fin du siècle dernier et auteur d'un livre sur La Vallée de l'Ardusson.
Monsieur GUILLAUMOT Pierre, président de la Société académique de l'Aube
Les employés de la Bibliothèque municipale de Troyes,
Madame Lucette Banry BOSSUAT
grâce à l'aide desquels cette brochure a été réalisée.
Notre village de La Fosse Corduan détaché de la paroisse de Saint Martin La Fosse sous la révolution, a pour principal attrait la rivière : l'Ardusson, limite séparative avec Saint Martin de Bossenay sur 1500 m et traversant ensuite la commune jusqu'au territoire de Saint Loup de Buffigny. Le chemin de Pont au Nord-Est, la Voie Lambert à l'est sont les autres limites avec Saint Martin.
Une ancienne voix romaine qui enjambait probablement l'Ardusson autrefois sépare La Fosse de Saint Loup de Buffigny. Au Sud la limite avec Rigny la Nonneuse se trouve au milieu des terres labourables bien avant le massif boisé.
Il est établi que Corduan dont l'orthographe a souvent changé au cours des siècles, existait déjà en 1179. L'abbaye de St Loup de Troyes y possédait un gagnage, c'est à dire un pâturage. On peut penser que le nom de Corduan vient de l'existence de chanvrières entre le hameau et la rivière et des habitants qui fabriquaient des cordes. La Fosse, que l'on aperçoit toujours au fond de la vallée en venant du Nord ou du Sud, doit son nom à cette situation.
En 1250, Etienne de BAILLY, seigneur de Pont sur Seine était propriétaire du fief de Corduan et déclarait n'avoir que la moitié du revenu, l'autre moitié étant perçue par le roi de Navarre. Il est vraisemblable que le nom du seigneur des lieux reste attaché à une contrée dite " Vignes de Bailly " située sur le finage de Saint Martin, au Nord-Ouest de Corduan.
A partir du 16° siècle, La Fosse et Corduan ont appartenu aux mêmes seigneurs qui se sont succédés à Marigny : 1515-1531 Philibert de Beaujeu ; 1606-1640 Jeanne de Duras ; 1768-1785 Jean Nicolas de Boullogne ; 1789 Paul Esprit de Boullogne.
Le 22 janvier 1530, les habitants devinrent pour la première fois propriétaires. Une transaction intervint entre le seigneur de Marigny d'une part et les habitants de Corduan, La Fosse, Saint Loup de Buffigny et Saint Pierre de Bossenay d'autre part. Il a été reconnu que les dits habitants avaient droit d'usage dans trois pièces de bois au finage de St Loup dites " Les Brosses ". Pour régler le différent, la moitié fut abandonnée au seigneur et l'autre devint la propriété des habitants à la charge d'une rente d'un boisseau d'avoine par feu et par ménage et d'un demi boisseau par demi feu et par ménage. Les étrangers qui viendraient y habiter et qui voudraient jouir de ce droit d'usage, paieraient qu'ils fussent homme ou femme, deux écus soleil. En outre, les habitants ont abandonné au seigneur un arpent des pâtures qu'ils avaient en la contrée de Corduan pour lui faire un saut de moulin.
Dans une nouvelle transaction du 3 Février 1571 il est dit que la moitié abandonnée au seigneur en 1531, était constituée par le bois des Brosses (250 arpents) et que l'autre moitié d'égale étendue dépendait des bois dits Gromont et Le Buisson, Les habitants furent convaincus d'avoir mesuré de leur bois à tel point que le lot échu au seigneur était entièrement ruiné et la plus grande partie en terre labourable. Par suite, la rente due au seigneur n'était plus payée. Le seigneur fit supprimer ce droit par autorité de justice et on le remplaça dans un bail à cens par une rente perpétuelle d'un denier par arpent sur les 250 arpents des habitants et le paiement comptant de cent écus. On y ajouta le droit de lods et vente, pour le seigneur dans les cas échéants (c'est à dire les droits sur les mutations) et enfin une rente d'un boisseau d'avoine par ménage ou par feu payable chaque année. De son c8té le seigneur abandonna aux habitants la propriété de 37 arpents de pâtures dites " Les Pâtures grasses " contrée de Corduan et sur la rivière l'Ardusson dont les dits habitants ne jouissaient auparavant qu'à titre d'usage mais à charge d'une censive de 6 deniers par feu. S'ils voulaient couper l'herbe au lieu de faire pâturer, ils ne pouvaient le faire avant la Notre Dame d'Août.
Les seigneurs avaient conservé jusqu'en I789 des droits importants sur toutes les propriétés concédées et sur tous les habitants, Ils percevaient pour eux-mêmes la taille, impôt foncier établi sur la fortune présumée la capitation, impôt par tête ; le 1%, autre impôt sur le revenu établi sans aucune base solide, les aides, taxes appliquées surtout sur les boissons, les banalités, taxes pour l'utilisation du moulin, du four, du pressoir qui étaient le monopole du seigneur.
Le seigneur possédait les droits féodaux de justice avec perception des amendes pour affaires relevant de sa juridiction( il percevait le cens, le champart (contribution en espèce à l'époque de la récolte), le droit de langaige sur les porcs.
Aux foires, il existait le droit de minage, payé tous les deux boisseaux de grain vendu.
Il existait également les droits de douane pour les marchandises allant d'une province à 1'autre ainsi que les péages aux passages des ponts et sur certaines routes. La dîme était perçue par le Clergé.
Le seigneur avait le privilège exclusif de la chasse à n'importe quelle époque. Il pouvait exercer son droit de réserve dans les terres labourables et le garde chasse avait le droit de traverser les récoltes toute l'année avec ses chiens.
La corvée qui consistait en un travail demandé aux habitants pour l'entretien des chemins fut supprimée par une loi du 27 juin 1787 et remplacée par un impôt payé. II en résulta un effet négatif le seigneur se contentant d'encaisser l'impôt sans jamais entretenir les chemins.
Les rapports entre les seigneurs et la population n'étaient pas toujours les mêmes. Dans notre région il faut penser que nos ancêtres ont pu s'accorder assez bien de la situation. Nos paysans avaient déboisé entre 1530 et 1570 les meilleures terres. Le seigneur ne devait venir que rarement dans le village et le jugement de 1571 constatant le défrichement n'a pas véritablement sanctionné les laboureurs.
En 1750 les habitants, qui jusqu'à cette date semblaient vivre uniquement du travail de la terre et des métiers qui lui sont rattachés : meuniers, charrons... ont commencé à devenir bonnetiers. A la fin du 19° siècle les fabricants de bas étaient nombreux dans notre commune tout en exerçant en même temps une autre profession le plus souvent celle de cultivateur. Entre 1789 et 1799 la situation évolua rapidement. Après l'abolition des privilèges et de la vente des biens nationaux, la société se transforma, Une nouvelle classe apparut : celle des agriculteurs propriétaires aisés. Dans La Fosse Corduan, il existait environ 8 à 10 exploitations de ce type. On peut les situer toutes. A La Fosse la ferme Collinet puis Herluison dans la propriété actuelle d'Albert Defert ; une autre ferme Collinet Herluison au domicile d'André Collet ; la ferme Collot où est actuellement Alain Rainon ; les fermes Houx l'une au domicile de Georges Rutten et l'autre où est René Douine ; la ferme Boudard au domicile de Jeanne Skotarczyk.
A Corduan, la ferme Gouerre était chez Raymond Guitteau et la ferme Grados au domicile de René Machin ; la ferme Villain puis Pariat se trouvait dans l'actuelle propriété Degert. Dans ces fermes réputées grosses de 4O à 50 ha il y avait des ouvriers agricoles et souvent des servantes.
A côté de cela, il existait de très nombreux petits exploitants cultivant quelques arpents ayant quelques vaches et quelquefois un cheval.
Ces exploitants exerçaient presque toujours en même temps d'autre métiers le plus souvent la bonneterie. Cet ensemble de population vivait beaucoup mieux au 19° siècle que pendant la période pré-révolutionnaire. Au moment de la révolution on dénombrait 72 feux et 288 habitants. En 1847 on comptait 290 habitants dont 193 à La Fosse et 97 à Corduan. Au recensement de 1863 le plus favorable de tous, la population du village était de 323 habitants dont un bon tiers habitait Corduan. Le mode de vie évolua très peu jusqu'en 1914, mais la population commença à diminuer. La bonneterie industrialisée des villes et les ateliers de chemin de fer de Romilly attirèrent de plus en plus les jeunes. Quelques ateliers de bonneterie modernisés continuèrent leur activité entre les deux grandes guerres employant plusieurs ouvriers. Cette activité a complètement disparu après 1945.
Deux habitants du village ont fait avancer les progrès de la bonneterie : Azir Banry habitant de Corduan adapta des pédales aux métiers précédemment actionnés à la main, Alfred Bourgeat habitant de La Fosse perfectionna divers mécanismes.
II serait difficile d'évoquer le passé de notre commune sans parler des moulins. Notre rivière l'Ardusson doit son nom à l'existence de ces ouvrages. Sur La Fosse Corduan, il en exista cinq. Le premier en amont était situé sur Bossenay, le déversoir étant sur notre finage. Le second à Corduan, disparu depuis très longtemps était appelé Moulin de Bossuot, le troisième moulin de Bassin où le vannage existe toujours a cessé son activité avant 1914, le quatrième moulin des Jossons dans l'actuelle propriété Fourré est toujours intact dans ses bâtiments, le cinquième en limite de St Loup dans la propriété Ricordeau, le déversoir étant sur le finage de St Loup de Buffigny.
Pendant très longtemps cette activité fut vitale pour la commune et les villages voisins privés de rivière.
Des règlements, toujours existants, permettaient aux meuniers d'utiliser le cours d'eau sans gêner les autres riverains. Ce n'était pas toujours facile et les discordes étaient fréquentes.
Le manque d'eau à certaines époques était ressenti par tous comme une catastrophe. Plusieurs de ces périodes de sécheresse ont été mentionnées dans les actes d'état civil par un maire Siméon Collinet. II ne semble pas que ce que nous avons connu en 1976 ait eu un véritable précédent.
Exposition en la mairie sur la commune en septembre 2009.
Avant la révolution de 1789 la paroisse était la cellule de base de l'administration, St Martin La Fosse étaient administrées ensemble. Elles étaient comme aujourd'hui une paroisse. Le presbytère était à Corduan dans l'actuelle propriété de Jean Bordel. C'est dans cette maison que furent rédigés jusqu'en 1787 les actes d'état civil concernant Saint Martin et La Fosse Corduan par les prêtres desservant. Le Syndic était la personne civile chargée de diriger la paroisse. Celui-ci était désigné par une assemblée appelée : Conseil des Habitants. C'était cependant en dernier lieu le seigneur qui nommait le Syndic avec d'autant plus d'autorité quand le Conseil des Habitants n'arrivait pas à 1'entente.
En 1791 furent créées les communes. La paroisse fut divisée en deux. St Martin qui continua à s'appe1er St Martin La Fosse jusqu'au rattachement de Bossenay en 1845, comptait 280 habitants à cette époque. La Fosse Corduan avait autant d'habitants avec un finage quatre fois plus petit.
Pourquoi cette scission ? Aucune explication n'est arrivée jusqu'à nous. Sous l'ancien régime La Fosse et Corduan faisaient partie de la généralité de Sens et St Martin de celle de Troyes. Comme à cette époque tout fut bouleversé ce n'est certainement pas la raison valable.
En 1791, le presbytère, l'église et la chapelle devinrent biens nationaux. Le presbytère de Corduan fut demandé et attribué aux deux communes pour la création d'une école. Jusqu'en 1880, cette école continua d'être intercommunale. L'église fut attribuée à la commune de St Martin et la chapelle St Jacques édifiée dans l'angle Sud-Ouest de l'actuelle place de la mairie devint propriété de la commune de La Fosse Corduan après plusieurs péripéties. Le maire Champenois tenta avec une pétition des habitants, de s'opposer à la vente. Cette pétition fut repoussée par le Préfet de l'Aube.
La chapelle devint propriété communale le 10 Mai 1812. Le maire Pierre Herluison l'ayant acquise avec les deniers communaux à Messieurs Forgeot et Bouillerot tous deux de la ville de Troyes.
Il n'a pas été possible de savoir où se tenaient les réunions du Conseil municipal jusqu'en 1860. Peut être à la résidence du maire. Ce n'est qu'en 1859 que fut décidée la construction d'une chambre de mairie. Celle-ci fut adossée à la chapelle.
Après Chaimpenois, Pierre Herluison, Armand Roux, Jean-Baptiste Boudard puis de nouveau Armand Roux administrèrent la commune. De 1843 à 1884 Pierre Siméon Collinet fut maire. Celui-ci nous a laissé de nombreuses remarques dans les actes d'état-civil concernant les grands événements et les calamités naturelles. De 1884 à 1892 Edwige Frottier lui succéda laissant son écharpe de 1894 à 1896 à Jules Herluison pour la reprendre de 1896 à 1900. Jules Herluison fut de nouveau maire de 1900 à 1908 puis une troisième fois de 1913 à son décès en 1918 après un mandat de 4 ans exercé par Paul Mottot.
L'administration de la Fosse a été de tout temps très difficile à exercer sur le plan financier. Certaines époques furent plus heureuses mais les grandes réalisations pesèrent très lourdement sur le budget.
Jusqu'à la séparation de l'église et de l'état, la commune avait la charge d'entretenir l'église paroissiale et le logement du prêtre. Cette charge était supportée par moitié par les communes de St Martin et de La Fosse.
Après 1845, St Martin ayant annexé Bossenay, La Fosse ne paya plus qu'un tiers. Les frais de l'école inter-communale y compris une part du traitement de l'instituteur étaient également partagés jusqu'en 1841. A cette époque un arrêté préfectoral décida que chaque commune participerait aux frais scolaires à proportion de son rôle d'impôt. En 1845 le rô1e d'impôt de St Martin était quatre fois plus élevé que celui de la Fosse.
La révolution française n'a pas troublé profondément les habitants de la vallée de l'Ardusson. L'Abbé Champenois curé de la paroisse fût arrêté et incarcéré à Paris. Il fut libéré, mais il n'est pas permis d'établir si ce fut après les événements du 9 Thermidor ou si ce fut la conséquence de la pétition suivante : " Ce jourd'huy, sixième jour du mois de nivôse an deuxième de la République française, une et indivisible (26 décembre 1793 ), les citoyens des communes de St Martin de Bossenay et de La Fosse Corduan, et généralement les individus ayant l'âge de connaissance composant les dites communes, ont tous d'une même et unanime voix protesté de vivre et mourir aussi bons catholiques que bons républicains. C'est pourquoi nous réclamons le culte catholique et apostolique, et comme dans les dites communes il n'y existe aucun lieu propre pour la célébration du culte catholique, nous réclamons notre église ordinaire et l'ancien presbytère pour maison commune et d'instruction, toutefois en nous soumettant à ce qui est ordonné ou à ce qui pourra l'être par la Convention nationale, et pour ministre du culte, nous réclamons le citoyen Champenois, notre desservant ordinaire. Fait audit lieu, etc... "
L'église de St Martin La Fosse étant fermée et le desservant absent, les personnes pieuses se rendaient à Corduan dans la maison du père Courtois ; ce dernier célébrait lui-même les offices en son domicile son dressoir servant d'autel.
En 1814 vinrent les invasions. Le pillage pratiqué par les envahisseurs laissa un douloureux souvenir. La population apercevant un jour un soldat égaré probablement cosaque lui fit un mauvais sort. La tradition enseigne que son corps fut inhumé dans la contrée des Charleries.
En 1870 la crainte du pillage était très grande. Ces événements sont relatés par le Maire Collinet. Après les premières défaites, l'empereur déclara la patrie en danger. Dix huit hommes du village partirent renforcer les armées de Paris et de la Loire. En Septembre après la défaite de Sedan la panique gagna les habitants. Le mobilier fut caché et enterré, les troupeaux furent conduits dans la forêt d'Othe, provoquant un grand encombrement sur les routes. Tout rentra dans l'ordre au bout de quelques jours : l'armée prussienne ayant évité la région dans sa marche sur Paris. Les premières troupes arrivèrent quand on ne les attendaient plus.
Le 11 Novembre, la cavalerie hessoise et l'infanterie partaient pour combattre l'armée de la Loire. La Fosse abrita le général de brigade avec 150 hommes à cheval et le soir arrivèrent encore 150 fantassins. II fallut tout nourrir : une vache fut tuée et il fallut fournir 1.000 kg d'avoine. Huit à neuf mille hommes sont passés dans la vallée. Un préfet prussien était installé à Troyes et levait des contributions en argent et en nature. Lee agriculteurs de La Fosse Corduan durent conduire à Estissac 100 bottes de paille de 10 kg, 100 bottes de foin de 5 kg, 1.000 litres de froment, 1.000 litres d'avoine et une vache estimée à 350 Francs.
En 1761 les nouvelles petites écoles, sans doute inter-paroissiales, furent ouvertes. Le premier recteur à St Pierre de Bossenay se nommait Courtois. En 1764 à la suite de discordes locales peu faciles à démêler quelques audacieux allèrent dans la maison du recteur d'écoles, lui jetèrent avec violence ses meubles sur le carreau, et le contraignirent à déguerpir de sa maison et de ses terres. On retrouva plus tard le même Courtois à Corduan célébrant la messe pendant la révolution.
Le second recteur d'école, Pierre Larible fut lui aussi contesté et dut abandonner ses fonctions en 1783. En 1778, le nom de Chambrillon est cité comme recteur des écoles de St Martin La Fosse.
En 1791 le presbytère de Corduan devint école intercommunale pour la Fosse Corduan et St Martin. Le sextidi 26 ventose an II (16 mars 1794) il est fait choix d'un instituteur public en conformité au décret du 9 Frimaire. Le choix porte sur Pierre Honoré Rozé.
En 1839 le 10 novembre, Abraham Villain est nommé instituteur par les conseils municipaux de St Martin et de La Fosse. Il succède à Messieurs Abraham Guinand et Siméon Guinand. Il semble donc qu'une classe ait été supprimée à cette époque. L'école n'était pas obligatoire et les enfants étaient très souvent employés très jeunes par leurs parents.
Abraham Villain, dit l'ami Villain, un surnom qu'il avait sans doute amplement mérité a laissé un souvenir toujours très vivace. Il enseigna avec courage à plusieurs générations malgré les absences répétées des élèves. Il fut le dernier instituteur de Corduan.
En 1876, de nouvelles initiatives gouvernementales furent prises pour développer l'enseignement primaire. Le Préfet de l'Aube s'adressa aux maires de La Fosse Corduan et de St Martin en posant la question suivante ; il serait peut-être nécessaire de créer une école de filles à Corduan ou bien de construire une école mixte dans chaque commune. Le 10 août 1876 le conseil municipal de La Fosse adopta là une position très peu encourageante. Le Conseil considéra que le nombre peu élevé d'élèves (8 enfants à la belle saison et 15 à 16 pendant les 3 mois d'hiver) ne méritait ni la création d'une école de filles et encore moins la construction d'une nouvelle école. La délibération fait remarquer que la commune ne possède ni les ressources ni l'emplacement nécessaires pour cette construction, ni le moyen de loger et payer un nouvel instituteur. Dans la même séance, le Conseil proteste contre un projet de loi qui ferait obligation à la commune de construire une école considérée au vu du devis de l'architecte luxueuse et trop coûteuse (20 000 F) pour une population de 300 habitants ne pouvant envoyer au maximum que 40 élèves en hiver et 15 à 20 le reste du temps.
Rien ne bougea jusqu'en 1879 date à laquelle St Martin décida de construire une école et demanda le partage et la vente de celle de Corduan. La Fosse refusa en faisant remarquer que cette maison d'école avait été donnée par l'état et qu'elle entendait 1'utiliser jusqu'à ce qu'une nouvelle construction soit réalisée. Au cours des années 1879 et 1880, la polémique d'intérêts augmenta entre les deux communes.
Le 2 août 1880, le Conseil municipal envisagea de construire la nouvelle école entre La Fosse et Corduan c'est à dire à Bassin en demandant une participation financière de l'état pour 90%, demande motivée par le peu de ressources de la commune. La population était alors de 262 habitants mais la superficie étroite n'amenait que peu de revenus.
Le 6 novembre 1881, le Conseil autorise le maire à faire l'acquisition d'un terrain situé à Bassin. Le 10 février 1882 le Conseil se réunit pour discuter de l'achat et considère que le prix demandé par le vendeur Alexandre Villain est trop élevé et devrait être négocié. L'unanimité du Conseil est alors favorable à l'emplacement de Bassin. Il fait remarquer qu'un lieu choisi au milieu de La Fosse ne manquerait pas d'indisposer les habitants de Corduan qui pourraient demander le rattachement du hameau à St Martin et priver ainsi la commune d'une partie de ses revenus.
Le 22 mai 1882, le Conseil municipal prend connaissance des avis favorables de 1'inspecteur d'académie et de l'inspecteur primaire pour l'emplacement de Bassin et décidé de l'acquisition du terrain Villain.
Le 1° Octobre 1882 réunion du Conseil municipal pour discuter de ce projet, quatre conseillers municipaux s'opposent à la construction de l'école à Bassin et déclarent qu'ils ne siègeront plus si l'idée de cet emplacement n'est pas abandonnée. La majorité du Conseil n'accepte pas cette exigence. En Mai 1884 un nouveau Conseil est élu avec un nouveau maire Frottier. Le ton est monté et l'élection s'est surtout faite sur la question de l'école.
Aucun des nouveaux conseillers municipaux n'est habitant de Corduan. L'emplacement de Bassin choisi par tout 1'ancien Conseil est devenu un endroit froid, malsain et dangereux. La décision d'abandonner ce lieu fait son chemin et malgré les pétitions le projet échoue et le conseil décide d'exproprier le terrain Ravldat ce dernier n'étant pas décidé à céder son verger.
Au cours de l'année 1885, le Conseil municipal fait commencer la construction de la nouvelle école telle qu'elle est encore aujourd'hui avec la mairie et le logement d'instituteur. L'achat du terrain et les constructions coûteront 21.203 francs, l'état subventionnant à 76 % les constructions scolaires.
La commune fut très lourdement chargée par cette réalisation et à partir de I889 des rôles spéciaux d'impôts furent votés par le Conseil municipal pour permettre de rembourser les emprunts.
La municipalité Frottier a eu le mérite d'avoir été assez dynamique pour réaliser rapidement la construction des bâtiments mairie école terminés en 1888.
Les dissensions entre les habitants de Corduan et ceux de La Fosse durèrent encore très longtemps. Il faut parler aussi des conséquences : Corduan perdit en 20 ans la moitié de sa population. Si en 1876 l'école ne suscitait qu'un intérêt secondaire, la mentalité avait évolué par la suite. Les familles attachaient un intérêt de plus en plus important à demeurer le plus près possible du lieu d'enseignement.
La chapelle fut démolie en 1896. Cette démolition fut décidée à l'unanimité. Ce bâtiment était très délabré, les ressources de la commune ne permettaient pas sa réparation et aucune aide extérieure ne fut obtenue.
Les objets furent enlevés en août 1895. La statue de St Jacques, après cinquante ans de séjour dans le grenier de la mairie a été installée dans l'église paroissiale par les soins de l'Abbé Walzer.
Ainsi disparut cet édifice religieux construit vers 1700 et donné à la paroisse en 1742.