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Demande d'ajouts d'éléments paysagers


Le document 6 d'ajout d'éléments paysagers est extrêmement pauvre en ce qui concerne Tours Centre, au point d'en être ridicule. C'est hélas révélateur du très peu d'intérêt des responsables municipaux pour le patrimoine environnemental du centre-ville. Alors qu'il reste encore un certain nombre d'arbres et d'alignements arborés remarquables, qui n'ont pas été abattus par la présente municipalité, celle-ci se réserve le droit de les abattre selon son mauvais vouloir.

Comme il fallait bien préserver quelque chose sur Tours Centre, elle a mis en la seule page 15, en tout et pour tout, deux espaces, situés rue du Dr Zamenhof, pas loin de l'autoroute. Le premier est présenté comme un "espace planté de tilleuls de belle densité". Ce sont des arbres d'âge moyen (une bonne cinquantaine d'années, ils ont été plantés lors de la construction des immeubles des années 50), au nombre d'une quarantaine, plantés le long d'une allée de 125 mètres. Le second est un "espace végétalisé de bonne qualité", décrit comme un "poumon vert au coeur d'un tissu urbain résidentiel dense". C'est un espace gazonné d'environ 70 mètres sur 35, en bordure de la précédente allée avec une vingtaine d'arbres clairsemés, du même âge.

Pourquoi ici et pas ailleurs ? Pourquoi pas au Sanitas, davantage au coeur de la cité, alors qu'il y a des espaces du même type que cette zone gazonnée et arborée ? J'ai l'impression qu'en cet espace proche de l'autoroute, déjà dense, la ville n'a pas de projet immobilier, alors qu'ailleurs elle en a, ou estime qu'elle pourrait en avoir, et veut garder les mains libres... C'est ainsi qu'on gère nos espaces verts... De même que la trame verte n'apparaît que comme un "faire-valoir", de même ces deux espaces préservés sont un semblant vide de sens et de contenu, essayant de masquer la dégradation continue de la nature en notre ville.


Les deux espaces en cause (photo Google Map du 16 mars 2007) (sur la droite les bosquets longeant l'autoroute)

Cette préservation est à comparer avec l'abattage de 177 marronniers et érables, pour la plupart cinquantenaires eux aussi, sur une promenade arborée de 600 mètres de long, bien davantage en centre ville, pour conserver la place dominante de la voiture. Plus de 1000 arbres abattus le long du parcours du tramway, alors que plus de la moitié d'entre eux aurait pu être sauvés. Et toutes les places publiques où tous les arbres, sans exceptions, ont été rasés, places Velpeau, Rabelais, Letellier, 4 septembre, 14 juillet, etc., et celles qui sont menacées, avec des arbres du même âge ou plus vieux qu'ici. Le seul patrimoine jugé digne d'être conservé serait ces deux espaces là !! Demandez à n'importe quel tourangeau quels espaces verts il voudrait voir préserver, pas un n'y penserait, à part peut-être les habitants des six immeubles voisins (sinon, autour, ce sont des maisons individuelles). C'est une farce.

Ces deux espaces ont tout de même un intérêt renforcé, outre celui d'espaces verts de proximité pour les six immeubles, un autre intérêt qui n'est même pas présenté en cette page 15 : ce sont des espaces d'oxygénation permettant de lutter contre la pollution de l'autoroute très proche. En cela, oui, il est important de les préserver. Il serait même intéressant de planter quelques arbres en plus sur l'espace gazonné. On voit, au passage, que la lutte contre la pollution, n'est pas une préoccupation de ce PLU, ce que j'ai développé par ailleurs.

D'importants travaux de rénovation sont en court sur ces deux espaces et les immeubles. La pelouse gazonnée est complètement défoncée et les arbres maintenus, certains entourés de collant orange pour que les pelleteuses ne les blessent pas par mégarde. Des garages sont ajoutés, surtout à la place de parkings mais sur la surface herbée. J'ai discuté avec des voisins et il s'avère que tout va être clôturé. Même l'allée ? La concomitance entre ces travaux lourds et la présence de ces deux seuls espaces sur le PLU m'apparaît étrange... Ca l'est d'autant plus que la comparaison de deux photos, l'une de fin 2007 ou 2008, l'autre du 3 mars 2011, montre qu'au moins deux arbres ont été abattus, interrompant ainsi en son milieu l'alignement arboré sud de l'allée. Pour quelle raison ? Implanter des garages devant ? Comment la municipalité a-t-elle pu autoriser l'abattage d'arbres dans un lieu où elle veut les protéger ?


L'angle de vue est presque le même, on reconnaît les deux mêmes gros cailloux sur la gauche
de chacune des deux photos (à gauche, photo de Google Street)
Au premier plan l'allée sauvegardée, au second plan le terrain sauvegardé (caché par les feuilles sur la photo de gauche)
A l'évidence les deux arbres au premier plan, sur la droite de la photo de gauche, ont disparu,
pour laisser la place à ce qui pourrait devenir des box de stationnement (grillagé, au premier plan). L'allée n'est maintenant
arborée que sur un seul côté. Sur la photo de droite, à comparer avec la seconde photo de la page 15 présentée en haut de page,
on devine à quel point la surface gazonnée a été complètement défoncée, avec présence de pelleteuses et de baraquement.
En quoi était-ce nécessaire ? Pourquoi dans le PLU est-ce décrit comme "un espace végétalisé de bonne qualité" ?

Maintenant je vais dresser ma liste d'espaces verts à préserver sur Tours-Centre. Je n'essaye pas d'être exhaustif, je vais simplement parcourir rapidement le plan de Tours entre la Loire et le Cher et noter les espaces parmi ceux que je connais, qui m'apparaissent dignes d'être préservés, avec un niveau d'exigence meilleur que les deux espaces présentés. Bien sûr, je demande d'ajouter aux éléments paysagers préservés la liste que j'ai présentée ci-dessus. Certes elle est arbitraire et incomplète, mais beaucoup moins que celle de la municipalité…

Logiquement, un tel relevé aurait dû être effectué avec les habitants. Les Conseils de la Vie Locale permettent une telle étude. Pourquoi n'ont-ils pas été sollicités ?

Je précise que, pour moi, la protection des arbres ne signifie pas l'interdiction de tout abattage. Il faut bien sûr abattre les arbres dangereux, il faut aussi entretenir un alignement, faire en sorte qu'il y ait régénération. Par exemple, pour la place Mame, les tilleuls sont vieux, certains en mauvaise santé, il convient de remplacer les plus malades par de jeunes tilleuls et de continuer une régénération très progressive. Et surtout cesser de tout abattre d'un coup et replanter, comme on le fait maintenant presque systématiquement dans toute opération de rénovation. Le PLU doit empêcher de tels massacres.

S'ils ne le sont pas, tous les jardins publics sont aussi à préserver, ainsi que les jardins de l'OPAC. Il y en a trop peu et on n'en crée plus, c'est donc essentiel. Il est aussi important de préserver les carrés de verdure dans les "pâtés de maisons" particulières, c'est indispensable pour développer une trame verte sur la ville, comme le préconise le PADD. J'ai un peu développé le sujet dans mes propos sur "la trame verte".

Dans le secteur sauvegardé, le manque d'espaces verts est criant et il n'y en a pratiquement aucun de préservé (aucun sur le plan n°18). Là, plus qu'ailleurs, il est nécessaire de conserver ce qui est en place, et il est nécessaire d'énoncer des règles qui permettent un certain développement vert. Et pas avec des subterfuges, comme des arbres en pots, des chèvrefeuilles sur armature métallique ou des arbrisseaux décoratifs. Des vrais arbres (plus de 7 mètres de hauteur à l'âge adulte), plantés dans le vrai sol.

Plus que les espaces privés, il me semble prioritaire de sauvegarder les espaces verts publics. En effet les Tourangeaux sont habituellement attentifs à préserver la qualité de leurs jardins, si bien que ceux-ci sont généralement de bonne qualité et ne présentent pas de dégradation sensibles au cours des années. J'ai même l'impression, au moins dans mon quartier, Velpeau, que ça a tendance à s'améliorer. Par contre, si j'écarte la gestion des jardins publics pour ne m'en tenir qu'aux arbres d'alignement dans les artères et places publiques, je constate que l'actuelle municipalité faite preuve d'une grande négligence. Je l'ai montré par de nombreux exemples sur mon blog en page http://www.pressibus.org/arbres. Si ça continue, il n'y aura presque plus d'arbres centenaires. On abat les arbres par centaines et même parfois très jeunes. Le fait d'en replanter, même davantage qu'il n'y en a d'abattus, ne change pas grand chose à la perte subie, car, sur le rythme actuel, ces arbres mourront jeunes.

Le PLU, par cette ridicule préservation de deux espaces verts mineurs, n'a pour but, en matière environnementale, que d'aggraver encore la situation déplorable actuelle. Mes diverses demandes vont dans un sens inverse, de préservation de la trame verte existante et de son extension, en particulier dans les endroits trop minéralisés du secteur sauvegardé. Je suis conscient que d'autres demandes, surtout technique, seraient nécessaires pour aller dans ce sens de façon appuyée et cohérente sur tout le contenu du PLU, je souhaite donc que ce changement d'orientation aille au delà de mes demandes.

Je parle là toujours de Tours Centre, entre Loire et Cher, je connais mal le sujet sur Tours Sud et Tours Nord. Toutefois, je me dois de mentionner l'exemple révoltant sur Tours Nord des 14 tilleuls centenaires de la place Choiseul, bientôt abattus et replantés, avec la "minéralisation" (traduisez bétonnage) des espaces gazonnés et fleuris. Dans les conclusions de la commission d'enquête sur la 1ère ligne du tramway, la municipalité, via son maître d'ouvrage, les avait sauvés ("Concernant la Place Choiseul, le Maître d’Ouvrage a décidé de conserver l’alignement de tilleuls existant", page 61) et elle veut maintenant les abattre à nouveau. Je souhaite que M. le commissaire enquêteur soit très méfiant envers les promesses de cette municipalité qui ne craint pas de revenir sur sa parole.

Alain Beyrand

Ajout du 10 mars

Bien sûr, je demande d'ajouter aux éléments paysagers préservés la liste que j'ai présentée ci-dessus. Certes elle est arbitraire et incomplète, mais beaucoup moins que celle du dossier d'enquête…

Par ailleurs, j'avais manqué dans ma première lecture du document 6, en pages 25 à 27, les "arbres isolés remarquables". Leur liste, même si elle est maigre, m'apparaît cohérente et justifiée, contrairement à la liste précédente des "espaces végétaux protégés". J'y vois notamment avec satisfaction l'ailanthe situé à l'intersection des rues de La Fuye et Edouard Vaillant, que j'ai cité.

Page 28, dans les "plantations d'accompagnement", je suis surpris de voir les arbres de l'avenue Maginot alors qu'une soixantaine d'entre eux est abattu par les travaux du tramway, sans que les dossiers d'enquête du tramway n'aient fourni la moindre explication, indiquant que de nouveaux arbres seraient plantés à peu près au même endroit. C'est un exemple de plus de la déplorable gestion de notre patrimoine arboré…

Page 30, il n'y a que deux plantations à créer (dont une sur Tours Nord), toutes deux apparaissent très faibles (lisière, accompagnement, aucune mention d'arbres ni même d'arbustes) et l'une d'entre elles, celle du Bd Winston Churchill, est peu significative étant donnés les arbres abattus sur ce boulevard à cause du tramway (de façon justifiée, pour une fois…).

La minceur de tous ces éléments verts entre Loire et Cher n'est-elle pas alarmante ? Ne révèle-t-elle pas que quelque chose est sévèrement déréglé dans la gestion de nos espaces verts ? N'est-il pas indispensable de changer de cap ?

Le 21 mai 2011
Dans son rapport, le commissaire-enquêteur répond :
Les propositions d'espaces verts à protéger concernent:
  1. soit le Secteur Sauvegardé (rue Paul-Louis Courrier, place Anatole France, jardin privé du Préfet, rue Jules Simon…) donc hors PLU
  2. soit des espaces publics que l'on n'a pas souhaité protéger car ces espaces sont maîtrisés par la Ville (mails plantés Béranger et Heurteloup, avenue de Grammont…)
  3. les platanes et autres dans les cours d'école (même principe)
  4. les jardins spontanés de l'îlot Saint-Lazare.
Les plantations d’accompagnement sur domaine public pages 28 et 29 sont données à titre indicatif, elles ne sont pas identifiées dans les documents graphiques au titre de L123-1-7. Les arbres sur l’avenue Maginot sont situés dans la partie nord de l’avenue. Ces deux pages devraient figurer plutôt dans le rapport de présentation sous forme de synthèse des plantations d’accompagnement sur domaine public.


Répondre que les "espaces maîtrisés par la ville" ne sont pas à protéger alors que des arbres isolés en espaces public sont protégés (les séquoïas de la rue du Pas Notre Dame, l'ailanthe de la rue de la Fuye, etc.) et alors, surtout, que j'ai montré que la mairie procède actuellement à une importante dégradation du patrimoine arboré, m'apparaît être un refus de regarder la réalité en face.

En outre, je comprends mal les derniers propos. Pourquoi établir cette liste "à titre indicatif", pourquoi n'est-ce pas signifié dans le document pourtant titré (à titre exhaustif) "Eléments Paysagers identifiés au titre de l'article L 123_1_7° du code de l'urbanisme" ? De plus en page 10 de son rapport, le commissaire lui-même écrit : "Une cinquantaine d'éléments paysagers ont été identifiés. Ils correspondent à des espaces tant naturels qu'aménagés, publics ou privés, que la ville souhaite protéger. Il est donc clair que la mairie ne souhaite pas protéger les éléments publics qui ne sont pas dans cette liste.

Je vois dans ces réponses bancales une volonté de ne pas modifier le PLU, quelques soient ses faiblesses, ici criantes.

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